Sept mesures faciles pour accroître les revenus des artistes

Lorsque, à cause d’une crise sanitaire mondiale, toutes nos économies sont remises à plat, qu’attendons-nous pour réparer ce qui ne fonctionne pas ? Si vous reconnaissez le rôle fondamental de la culture et des métiers de la culture et que vous croyez qu’il faille enfin revoir le cadre et réduire la précarité du travail des créateurs et artistes, voici sept mesures très simples pour y arriver.

Micro-producteur/auto-producteur
Les artistes sont parfois des salariés et parfois des travailleurs autonomes. Il ne faudrait pas les pénaliser pour cette situation et reconnaître ce double statut. Il faudrait éviter de les forcer à s’incorporer ou à mettre sous contrat d’autres artistes pour reconnaître leur statut de producteur. Il serait plus équitable de leur octroyer les aides à la production ou les crédits d’impôt sur la masse salariale, dès lors qu’ils investissent à risque dans l’élaboration d’un produit culturel.

Street musicians – National Galleries of Scotland

Statut de travailleur intermittent
Tout comme les travailleurs saisonniers, il est important de permettre aux artistes d’avoir accès à des aides lorsque leurs heures travaillées ou leurs recettes sont insuffisantes pour assurer le minimum vital. Les périodes de travail des artistes sont irrégulières, il faut ainsi leur permettre de cumuler leurs heures, de souscrire à une caisse d’assurance chômage et d’avoir de l’aide lorsque des périodes de creux surviennent. Il est important de ne pas imposer de délai de carence pour toucher de l’aide. Comme pour une petite caisse, il vaudrait mieux attribuer cette aide dès le début de la période de cessation des activités, puis l’ajuster selon les revenus déclarés dans un rapport des recettes factuel.

Recensement national des productions
Nous souhaitons de plus en plus promouvoir la présence d’un minimum de contenus nationaux et locaux dans nos émissions, sur nos ondes, sur Internet (pensons par exemple à #MusiqueBleue). Pour cela les artistes et les producteurs doivent absolument inscrire leurs produits culturels à un recensement national, sans quoi ils ne pourront bénéficier de ces mesures de contenus minimums et des recettes en découlant. Il est difficile, voir impossible de favoriser la consommation d’une proposition artistique en vertu de son territoire de production sans en faciliter cette qualification.

Transparence des identifiants
Le dépôt au recensement prévu précédemment doit contenir les identifiants uniques ISO des artistes, créateurs, contributeurs, œuvres et productions et permettre l’émission d’un identifiant pérenne et transparent par les organismes de régulation industrielle. Les identifiants ISO qui sont associés à un produit culturel doivent être publiquement exposés et moissonnables sur Internet pour permettre la transparence des comptes et l’attribution appropriée des œuvres et produits à leurs créateurs et producteurs.

Redevance plancher
Si l’on écoute 500 minutes de contenus en ligne tous les jours (c’est un peu plus de huit heures…) durant tout un mois sous forfait à $10, les recettes brutes pour chacune des pièces ou segments de 5 minutes devrait représenter autour de 30 sous /centimes (0,33). Une redevance de 10% versée à la chaîne des ayants droits de la création et de la production (0,03) représente un coût d’une matière première très accessible. Actuellement, il n’est pas rare que de tels segments génèrent moins du dixième, et parfois même du centième de cette somme. Il faut imposer une redevance plancher pour les contenus aux entreprises qui vendent ce type de services (*500 x 30 = 15000 / 5 = 3000 segments / 10$ ou 1000 centimes).

Droit de suite vidéo des interprètes
S’il est généralement prévu pour les utilisateurs de contenus culturels de souscrire à une licence d’utilisation, il est curieux de constater qu’actuellement, les artistes interprètes, danseurs, comédiens, musiciens ne touchent aucun montant lorsque leur prestation, leur image, est rediffusée sur les chaînes de vidéo à la demande. Il est impératif de reconnaître qu’il s’agit là désormais de la méthode privilégiée d’accès à la culture et des régimes de gestion collective du droit de suite des interprètes doivent être mis en place.

Libérer les calendriers et les billetteries
Celle-ci concerne les artistes et diffuseurs culturels eux-mêmes. Nos sociétés remettent actuellement en question les horaires de travail, l’emploi du temps. Il faut prôner la libéralisation des dates des saisons théâtrales, des heures de tenue des concerts pop. Pourquoi les galeries sont-elles fermées le dimanche, les spectacles débutent-ils à 22 heures et les théâtres fermés l’été? Qui a vraiment envie de sortir un mardi de février s’il est possible de le faire un vendredi de juillet et de choisir d’acheter son billet le soir même plutôt que six mois à l’avance?

Pour en lire davantage sur ces enjeux :

Bisaillon, J.-R. (2020, septembre). Fragilités structurelles des secteurs culturels dans un contexte de crise et de révision du statut de l’artiste. Regards de l’IEIM (Montréal).
https://www.ieim.uqam.ca/IMG/pdf/regards_ieim_secteurs_culturels.pdf 

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